Archives du : 9 juin 2009

Albert Einstein par Laurent Seksik

Voilà ce qui arrive quand on est un brin désoeu­vré. Un dimanche après-midi je décide avec un week-end avec ma com­pagne, mes enfants et des amis de m’offrir une petite heure de désoeu­vre­ment. Je me rends à ma librai­rie pré­fé­rée où n’officie plus ma libraire pré­fé­rée mais soit.

Ayant (chose rare) oublié de me munir d’un livre je décide de m’en ache­ter un. Quelque chose de facile à lire cepen­dant, sans pour autant som­brer dans du Marc Levy. Je décide donc d’aller foui­ner dans le rayon des bio­gra­phies. Et je tombe sur une bio­gra­phie d’Einstein d’un cer­tain Laurent Sek­sik,  dans la col­lec­tion Folio biographies.

D’emblée je suis un peu géné par le style un peu pom­peux et l’identification trop forte à Ein­stein. J’ai tou­jours été incon­for­table lorsque des gens mettent les pen­sées intimes des per­sonnes devant leur actes.

Celà dit, je suis mal­gré tout content de lire, j’apprends cer­taines choses incon­nues sur la vie d’Einstein, sa jeu­nesse, son par­cours aty­pique avant la consé­ra­tion. Comme je suis convaincu qu’il est impos­sible de dis­so­cier l’oeuvre d’un per­son­nage de sa pen­sée, j’étais curieux en fait de voir com­ment la vie d’un phy­si­cien de génie pou­vait déter­mi­ner ses futures décou­vertes. Pour être hon­nête je tenais pour plus grand génie, Richard P. Feyn­man et avec ce livre j’ai pu entre­voir que fina­le­ment c’était effec­ti­ve­ment un génie du fait de son par­cours aty­pique, hors de l’Université. Mais à vrai dire je pense que n’importe quelle bio­gra­phie m’aurait éclairé.

Par contre j’ai com­mencé à avoir des doutes sur le sérieux de la bio­gra­phie lorsque l’auteur aborde le début de sa car­rière scien­ti­fique. On sent clai­re­ment que ce n’est pas son ter­rain de pré­di­lec­tion. Tout dabord il se foca­lise sur la soit-disante obses­sion d’Einstein à débou­lon­ner la phy­sique New­ton­nienne. Mise à part la gra­vi­ta­tion, la phy­sique d’alors n’avait plus grand chose de New­to­nien. On était convaincu de la nature ondu­la­toire de la lumière. L’atomisme n’a pas le vent en poupe. Les équa­tions de Max­well triomphent. Par exemple lorsqu’il dit page 72, que les lois de la gra­vi­ta­tion de New­ton embrassent toutes les dis­ci­plines phy­siques, de la méca­nique clas­sique à l’optique ou page 73 La phy­sique de New­ton forme un tout qui consti­tue la base de des connais­sances humaines sur le monde, je ne peux que le conseiller vive­ment d’ouvrir un cours de pre­mier cycle uni­ver­si­taire. De plus il semble qu’il confonde l’éther lumi­ni­fère avec l’éther par lequel la gra­vi­ta­tion devrait opé­rer. L’éther dont se déba­ras­sera Ein­stein est celui néces­saire comme milieu à la pro­pa­ga­tion des ondes électro-magnétiques, celui de l’ébauche de la théo­rie de la rela­ti­vité faite par Poin­caré quelques années plus tôt.
À la page 74 lorsqu’il cite les expé­riences de Hertz, elles sont en contra­dic­tion avec la phy­sique de New­ton puisqu’elles ont consa­cré les équa­tions de Max­well confir­mant la nature ondu­la­toire et non cor­pus­cu­laire de la lumière.

Une des révo­lu­tion d’Einstein dans son article concer­nant l’effet photo-électrique consiste à réin­tro­duire la nature cor­pus­cu­laire de la lumière, jus­te­ment comme New­ton ! En un sens dans l’article Sur un point de vue heu­ris­tique concer­nant la pro­duc­tion et la trans­for­ma­tion de la lumière La dif­fé­rence c’est que l’énergie de ces grains de lumière ne peut adop­ter que des valeurs pré­cises ins­pi­rées jus­te­ment des tra­vaux de Planck. Et contrai­re­ment à ce que pré­tend notre piètre bio­graphe, c’est jus­te­ment heu­ris­tique, il ne démontre pas une théo­rie, mais cherche à expli­quer un phé­no­mène, le reliant à l’explication du corps noir don­née par Max Planck cinq ans plus tôt.

Autre erreur celle de consi­dé­rer que Planck pro­pose une nou­velle théo­rie de la lumière. Planck ne fait aucune hypo­thèse sur la nature même de la lumière, mais sur les échanges entre lumière et matière. Le désir de Planck était sur­tout d’arriver à expli­quer une des rares expé­riences de phy­sique qui ne cadrait pas avec la théo­rie admise.

Page 79 Pour en reve­nir à l’article fon­da­teur de la rela­ti­vité res­treinte, l’auteur se four­voie aussi sur la notion de rela­ti­vité. Par­ler de la rela­ti­vité res­teinte sans par­ler de la rela­ti­vité gal­li­léenne est une énorme erreur. La rela­ti­vité existe bien, c’est le concept de simul­ta­néité qui ne peut ne pas exis­ter puisque la vitesse de la lumière y est rela­tive. Un des pos­tu­lats d’Einstein est que la vitesse de la luière est constante quelque soit, la réfé­ren­tiel ou l’on se trouve. De là découle l’ensemble des lois.

Page 82, JAMAIS la rela­ti­vité n’a auto­risé de voya­ger dans le temps.C’est un non-sens complet.

J’en étais là de mes péré­gri­na­tions, m’énervant de plus en plus, mais espé­rant qu’une fois que j’aurais passé les par­ties scien­ti­fiques, la par­tie bio­gra­phique alait reprendre le des­sus. Je me suis mal­gré tout mis à cher­cher des cri­tiques, que je sup­po­sais nom­breuses tel­le­ment le nombre d’énormité est impor­tant. Et curieu­se­ment j’ai appris qu’en plus d’être incom­pé­tent en phy­sique, l’auteur l’est tout autant en géo­gra­phie et en his­toire. Et ceci grâce à  Giangi Régnier qui a fait une cri­tique remar­quable du livre.

Si je vous conseille de lire cette cri­tique, car les autres erreurs sont fina­le­ment plus énormes que les miennes, si vous ne le faites pas ne com­men­cez sur­tout pas à lire cette bio­gra­phie. Vous en appren­drez plus en lisant sim­ple­ment l’article de wiki­pe­dia qui lui est consa­cré. Je remer­cie d’ailleurs Giangi Régnier car sa cri­tique m’a convaincu défi­ni­ti­ve­ment que je ne per­drais pas une minute de plus à lire ce machin, puisque je ne trouve pas d’autres mots.
Il m’arrive très rare­ment de ne pas ter­mi­ner un livre, mais je vais faire une excep­tion. Ce qui ne m’était même pas arrivé avec Marc Lévy.