Archives du : 26 septembre 2012

Les restaurants du foie

Atten­tion, atten­tion. il n’y a pas que les nou­veaux pauvres. Il y a les nou­veaux riches. Pour venir en aide a mes amis nou­veaux riches qui crèvent dans leur cho­les­té­rol en plein hiver à Méri­bel, j’ai décidé d’ouvrir les res­tau­rants du foie. Envoyez-moi des tonnes de ver­veine et des quin­taux de bis­cottes sans sel, le bon Dieu vous les rendra…

Sans vou­loir offen­ser les mar­chands de confi­tures, il faut bien se rendre à l’évidence : les siru­peux com­mencent à nous les engluer.
Depuis des lustres, déjà, la miè­vre­rie d’un huma­nisme san­glo­tant enro­bait l’Homo sapiens occi­den­tal, infil­trant en son coeur débor­dant de remords colo­nia­liste le flot sucré de la plus vul­gaire sen­si­ble­rie. Mais bon. On se conten­tait de patau­ger dans le filan­dreux sans s’y noyer : trois sous pour l’abbé Pierre, une mar­raine pour le Viet­nam, une cuille­rée pour Mama­dou, et l’on pou­vait retour­ner finir son foie gras la conscience débar­bouillée, et l’âme dans les pan­toufles.
Mais voici qu’une horde élec­tro­nique de rockers anglo­phones sur­ga­vés d’ice-creams se prend sou­dain d’émotion au récit pitoyable de là misère éthio­pienne dont les navrantes images nous prouvent en tout cas qu’on peut gar­der la ligne loin de Contrexé­ville. Gra­vés sur le vinyle, les miau­le­ments effrayants et les brames emmê­lés de ces chan­teurs tran­sis déferlent un jour sur les ondes, et c’est alors le monde entier qui glou­gloute dans la mélasse, la larme en crue et la honte sous le bras.
Pan­te­lants d’admiration pour tout ce qui vient d’Amérique, les trou­ba­dours fin de siècle du rock auver­gnat veulent faire la même chose. Ils s’agglutinent en vain aux portes des maqui­gnons du 33 tours : Renaud a eu l’idée avant. Alors, ils chantent avec lui.
A la vue du clip de ces durs en cuir pis­so­tant leur dou­leur sur leurs leg­gings, Mar­got, dégou­li­nante de cha­grin pan­afri­cain, se prive des Mémoires de Patrick Saba­tier pour pou­voir s’acheter le disque.
Sur­vient l’hiver. Les nou­veaux cons tuent la dinde. Les nou­velles dindes se zibe­linent. Les nou­veaux pauvres ont faim. Les cha­ri­tables épi­so­diques, entre deux bâfrées de confit d’oie, vont pou­voir épan­cher leurs élans dia­bé­tiques. Le plus célèbre des employés de Paul Leder­man ouvre les «Res­tau­rants du coeur». Des tri­piers doux, des épi­ciers émus, de tendres char­cu­tiers, le coeur bouffi de cha­rité chré­tienne et la goutte hyper­gly­cér­nique au ras des yeux rouges, montrent leur bonté à tous les pas­sants sur les trois chaînes. Mar­got revend son disque pour l’Ethiopie pour ache­ter des pieds de porc aux chô­meurs isla­miques. Telle une enfant sud-américaine s’enfcinçant dans la boue, la France entière fond dou­ce­ment dans le miel. Des auréoles de sain­doux poussent au front des nou­veaux bigots du show-bizz. Ça tar­tuffe sur TF1. Dans la fou­lée, un chan­teur sans père se donne aux orphe­lins: c’est Sans famille sur Antenne 2. Un ani­ma­teur lacry­mal chante la com­plainte à nodules des dam­nés du can­cer, c’est saint Vincent de Paul sur FR3.
Infou­tus d’aboutir, les pon­tifes d’Esculape tendent la sébile aux car­re­fours : SOS méta­stases, méde­cins sans scan­ner, «Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleu­rant », par­tout les alar­més du salut nous poissent de leurs déjec­tions sucrées.
Heu­reu­se­ment, Dieu m’écartèle, si pos­sible sous anes­thé­sie géné­rale ; il reste encore en France, en Colom­bie, en Ethio­pie, des humains qui n’ont rien perdu de leur dignité, qu’un sort heu­reux a mis à l’abri de la pitié des hommes. Eux n’ont pas à men­dier. En cas­quette à galon doré, ils som­nolent dans les tou­relles anti­sep­tiques de leurs chars asti­qués. Ils sucent des cara­mels en atten­dant le déclen­che­ment de la troi­sième. Ouand on lèvera des impôts pour les mou­rants du monde et qu’on fera la quête pour pré­pa­rer les guerres, j’irai chan­ter avec Renaud. En atten­dant, oui, mon pote, j’ai cent balles. Et je les garde.

 

Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée poli­tique, ça m’étonnerait qu’il passe l’hiver.

Pierre  Des­proges

Anniversaires du 26 septembre

Cha­hu­tage inno­cent dans la cour d’école.

École buis­sio­nère
Pré­tex­tant un cli­mat lourd et hos­tile, emprunt soi-disant de racisme, 7 étu­diants noirs de Lit­tle Rock pré­ten­daient ne pas pou­voir se rendre à l’école depuis le 17 sep­tembre 1957. Le pré­sident Dwight Eisen­ho­wer y met­tra bon ordre en envoyant un mil­liers de para­chu­tistes afin de for­cer ces récal­ci­trants à reprendre le che­min des études.

Y-a-t’il un pilote ?
Le 26 sep­tembre 1929, James Doo­lit­tle lâche les com­mandes en plein vol, per­met­tant le pre­mier vol assisté par pilote auto­ma­tique. Il décla­rera à sa des­cente : je m’étais jamais autant fais chier depuis que je vole.

Cul-cul
Il y a 26 ans, Coluche créait les Res­tau­rants du cœur aux­quels Des­proges ren­dit un vibrant hom­mage quelques années plus tard. Le concept  le concept s’est géné­ra­lisé depuis Coluche puisqu’on peut voir à la télé­vi­sion  les maçons du cœur et toute une série d’autres émis­sions. Dési­rant faire connaître leur pro­fes­sion géné­ra­le­ment mal consi­dé­rée alors qu’eux aussi prennent soin des trous du cul, le pro­jet d’émission les proc­to­logues du cœur ne fut jamais accepté, mal­gré des images spectaculaires.

Le cœur et le por­te­feuille
Sur­fant sur la vague Coluche des car­dio­logues ont tenté de lan­cer les méde­cins du cœur, ça fait 300 francs.

Comme un samedi
Edmond Ros­tand était peut-être un grand écri­vain mais il aurait du quand même savoir que le 26 sep­tembre 1655 tom­bait un dimanche et non pas un samedi comme il l’écrit dans Cyrano de Ber­ge­rac. C’est pas moi qui aurait fait ce genre d’erreur.

En avant la musique.
En France tout se ter­mine en chan­son, y com­pris l’expulsion des Roms qui ne peuvent s’empêcher de jouer de la musique jusque dans les toi­lettes des centres de rétention.

On connaît la musique
Si en France tout se ter­mine en chan­son, à Porto-Rico c’est plu­tôt au fusil-mitrailleur que tout se ter­mine, comme pour le retour d’exil de Juan Bosch le 26 sep­tembre 1965.

Les puces de Saint-Bouin
On fête aujourd’hui Saint-Bouin vivant reclus rece­vant sa pitance des gens de Troyes, mais plein de piété il par­ta­geait sans hési­ter sa nour­ri­ture, ses vête­ments et ses fameuses puces de Saint-Bouin avec plus pauvre que lui.