Et bien mesdames et messieurs les jurés, monsieur l’avocat commis d’office, mon p’tit Président chéri, pardon. Pouf, pouf.
Monsieur le Président, mesdames et messieurs les jurés, public chéri.
J’ai l’immense regret de signaler à la cour combien la présence de Pierre Doris est déplacée dans ce box.
En effet, mesdames et messieurs les jurés ce n’est pas dans un box, c’est dans une soue qu’on devrait mettre Pierre Doris.
Une soue je le précise dans le cas où il y aurait dans la salle des avocats immigrés qui ne saisiraient pas toutes les finesses de notre belle langue française, une soue désigne une étable à porc, du latin sus qui veut dire cochon. C’est pas de ma faute c’est marqué dans le.…
Oui mesdames et messieurs les jurés, tout dans Pierre Doris est éminemment porcin. Il a l’œil porcin, il a l’âme porcine, il a le pied porcin, il a la qu.., le z..,(sonnette de Claude Villers) il a le tire-bouchon De plus pour quelqu’un qui est originaire des Pyrénées-Atlantiques, c’est à peine si j’ose le dire tellement c’est bas, pour quelqu’un qui est originaire des Pyrénées-Atlantiques, on ne peut pas dire qu’il sent bon de Bayonne.
Je prie la cour de bien vouloir me pardonner cet odieux jeu de mot si peu en rapport …ouiik! Excusez-moi…si peu en rapport avec la noble fonction qui est la mienne et de la robe austère que je porte ici.
Claude Villers : de bois, d’ailleurs, de justice, d’austère de bois de justice, non d’accord oui
Mais il ne faut pas m’en vouloir, mesdames et messieurs les jurés, c’est la présence de ce monstre infâme dans le box qui m’égare et crée en moi cette obsession porcine.
Croyez-moi mesdames et messieurs les jurés, Pierre Doris a tous les défauts. Il a tous les travers de porc. Sa vie en est truffée. Tout petit déjà, il quitte son Allemagne natale avec cinq garnements de son âge. Ils sont six de Francfort et Pierre Doris n’a pas douze ans quand on retrouve sa trace à la Guadeloupe. Déjà les îles. Déjà, il est ivre d’obscénité, se livre à d’épouvantables orgies, se moque sans vergogne des vieillards et des opprimés. Bref, c’est tout juste s’il va à la messe.
À douze ans et demi déjà, il se produit dans un cabaret de Point-à-Pitre, où dévoré par sa manie cochonophile il raconte des histoires tellement immondes qu’on ne l’appelle plus que le petit salé aux Antilles.
À quinze ans, le répugnant Doris est toujours aux îles où sa passion morbide pour les porcins se fait dévorante au point qu’il se met à collectionner frénétiquement tout ce qui ressemble de près ou de loin à ces sales bêtes du phacochère au potamochère en passant par le sanglier sans oublier le verrat périgourdin qui est à la gent animale ce qu’Alice Sapritch est à la gent féminine, c’est-à-dire c’est pas vraiment l’archétype du bon goût français cher à ce cher Gonzague.
Mais à quinze ans, Pierre Doris, qui boit déjà, est complètement démuni d’argent. Alors,…alors tout simplement, les cochons ils les volent. Il vole la truie de Schubert et s’enfuit du presbytère en dépouillant l’abbé des cochons.
On le retrouve cinq ans plus tard, homosexuel, à Port-Gentil évidemment, puis retournant sa veste, si j’ose m’exprimer ainsi, il revient à la Guadeloupe où son racisme viscérale va s’étaler au grand jour, puisque c’est là au pays des boudins antillais qu’il va épouser un boudin blanc.
Je demande bien sûr la peine de mort avec exécution de la peine si possible en novembre, c’est le meilleur moment pour tuer le cochon, mais vu ma grande mansuétude, je demanderai tout de même à l’huissier de lui laisser un petit cadeau, avant qu’on coupe la tête à Monsieur Doris.
Un petit présent qui lui fera plaisir, ce n’est rien, je l’ai en double
Pierre Doris : Monsieur le Procureur, je suis vraiment touché. C’est un petit cochon que monsieur le procureur…car Monsieur le Procureur collectionne aussi les cochons. Nous sommes collectionneurs de cochons et nous avons décidé du reste d’échanger ceux que nous avons en double.
Pierre Desproges : si on le lui coupe pas la tête.
Pierre Doris : Il est très beau ce petit cochon.