Archives de la catégorie : Citations et autres textes

Mysoginie à part

 

Miso­gy­nie à part, le sage avait rai­son.
Il y a les emmer­dantes, on en trouve à foi­son,
En foule elles se pressent.
Il y a les emmer­deuses, un peu plus raf­fi­nées,
Et puis, très net­te­ment au-dessus du panier,
Y’a les emmerderesses.

La mienne, à elle seule, sur toutes sur­en­ché­rit,
Elle relève à la fois des trois caté­go­ries,
Véri­table pro­dige,
Emmer­dante, emmer­deuse, emmer­de­resse itou,
Elle passe, elle dépasse, elle sur­passe tout,
Elle m’emmerde, vous dis-je.
Mon Dieu, pardonnez-moi ces pro­pos bien amers,
Elle m’emmerde, elle m’emmerde, elle m’emmerde,
Elle m’emmerde, elle abuse, elle attige.
Elle m’emmerde et je regrette mes belles amours avec
La petite enfant de Mari que m’a souf­flée l’évêque,
Elle m’emmerde, vous dis-je.

Elle m’emmerde, elle m’emmerde, et m’oblige à me cu–
rer les ongles avant de confir­mer son cul,
Or, c’est pas cal­li­pyge.
Et la cha­rité seule pousse ma main rési­gné
Vers ce cul rabat-joie, conique, ren­fro­gné,
Elle m’emmerde, vous dis-je.

Elle m’emmerde, elle m’emmerde, je le répète et quand
Elle me tape sur le ventre, elle garde ses gants,
Et ça me déso­blige.
Outre que ça dénote un grand manque de tact,
Ça ne favo­rise pas tel­le­ment le contact,
Elle m’emmerde, vous dis-je.

Elle m’emmerde, elle m’emmerde, quand je tombe à genoux
Pour cer­taines dévo­tions qui sont bien de chez nous
Et qui donnent le ver­tige,
Croyant l’heure venue de chan­ter le credo,
Elle m’ouvre tout grand son mis­sel sur le dos,
Elle m’emmerde, vous dis-je.

Elle m’emmerde, elle m’emmerde, à la for­ni­ca­tion
Elle s’emmerde, elle s’emmerde avec osten­ta­tion,
Elle s’emmerde, vous dis-je.
Au lieu de s’écrier: «Encore! Hardi! Hardi!«
Elle déclame du Clau­del, du Clau­del, j’ai bien dit,
Alors ça, ça me fige.

Elle m’emmerde, elle m’emmerde, j’admets que ce Clau­del
Soit un homme de génie, un poète immor­tel,
Je recon­nais son pres­tige,
Mais qu’on aille cher­cher dedans son oeuvre pie,
Un aphro­di­siaque, non, ça, c’est de l’utopie!
Elle m’emmerde, vous dis-je.

Elle m’emmerde, vous dis-je. ”

Georges Bras­sens”

Réflexions de Saramago sur l’anthropomorphisme

Il ne manque pas d’invidus, il n’en man­qua jamais, pour affir­mer que les poètes ne sont vrai­ment pas indis­pen­sables, et je me demande ce qu’il advien­drait de nous si la poé­sie n’était pas là pour nous aider à com­prendre com­bien les choses que nous qua­li­fions de claires le sont en réa­lité bien peu. Jusqu’à pré­sent, alors que tant de pages ont déjà été écrites, la matière nar­ra­tive s’est bor­née à la des­crip­tion d’un voyage océa­nique, peu banal il est vrai, et même en ce dra­ma­tique ins­tant où la pénin­sule reprend sa route, main­te­nant vers le sud, tout en conti­nuant de tour­ner autour de son axe ima­gi­naire, il est évident que, si l’inspiration de ce poète, qui a com­paré la révo­lu­tion et la des­cente de la pénin­sule à l’enfant qui dans le ventre de sa mère accom­plit la pre­mière des­cente de sa vie, ne venait pas à notre secours, nous serions inca­pable de dépas­ser et d’enrichir ce banal énoncé des faits. L’analogie est admi­rable, encore qu’il nous faille cen­su­rer ce consen­te­ment aux ten­ta­tions de l’anthropomorphisme, qui voit tout et juge tout dans une rela­tion for­cée à l’homme, comme si, de fait, la nature n’avait d’autre souci que nous. Tout serait beau­coup plus facile à com­prendre si nous confes­sions, sim­ple­ment, notre peur infi­nie qui nous amène à peu­pler le monde d’images qui res­semblent à ce que nous sommes ou à ce que nous croyons être, à moins que cet effort obses­sion­nel ne soit, au contraire, une inven­tion du cou­rage, ou le simple entê­te­ment de celui qui se refuse à ne pas être là où il y a du vide, à ne pas don­ner sens à ce qui n’en a pas. Il est pro­bable que ce n’est pas nous qui pou­vons com­bler ce vide, et ce que nous nom­mons sens n’est guère plus qu’un ensemble d’images fugaces qui ont pu nous paraître har­mo­nieuses à un moment donné, quand l’intelligence, prise de panique, a tenté d’y intro­duire de la rai­son, de l’ordre, de la cohérence.

Sara­mago, Le radeau de pierre

Who Shot Twice ?

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Who shot Twice ?

/// My name is Ser­geant Frank Dre­bin, Detec­tive Lieu­te­nant Police Squad, a spe­cial detail of the Police Depart­ment. There’d been a recent wave of gor­geous fashion models found naked and uncons­cious at laun­dro­mats on the West Side. Unfor­tu­na­tely, I was assi­gned to inves­ti­gate hold-ups of neigh­bo­rhood cre­dit unions. I was across town doing my laun­dry when I heard the call on the double killing. It took me twenty minutes to get there. My boss was already on the scene. __Ed:__ Attemp­ted hold-up, Frank. Cashier is the only wit­ness. Accor­ding to her, the gun­man shot the tel­ler, she grab­bed the gun and shot the hold-up man.%%% __Frank:__ It’s the same m.o. as the others.%%% __Ed__: Could be, but this one has an inter­es­ting wrinkle. The gun­man, Twice, is a good family man with no prior record.%%% __Frank__: Can I talk to her?%%% __Ed__: Sure.%%% __Ed__: This is Sally Decker, Frank.%%% __Frank__: Hello Ms Decker.%%% __Sally__: Hello.%%% __Frank__: I am Cap­tain Frank Dre­bin. I unders­tand you had a pretty rough time.%%% __Sally__: Yeah, it was pretty bad.%%% __Frank__: Ciga­rette?%%% __Sally__: Yes, I know.%%% __Frank__: Well. Do you feel up to any ques­tions?%%% __Sally__: I’ll try.%%% __Frank__: Where were you when all this hap­pe­ned?%%% __Sally__: I was right here at my desk, wor­king.%%% __Frank__: And when was the first time you noti­ced some­thing was wrong?%%% __Sally__: Well, when I first heard the shot, and as I tur­ned, Jim fell.%%% __Ed__: He is the tel­ler, Frank.%%% __Frank__: Jim Fell is the tel­ler?%%% __Sally__: No, Jim John­son.%%% __Frank__: Who’s Jim Fell?%%% __Ed__: He is the owner, Frank.%%% __Sally__: He had the flu so Jim filled in.%%% __Frank__: Phil who?%%% __Ed__: Phil Inn, he’s the night watch­man.%%% __Sally__: If only Phil had been here.%%% __Frank__: Now wait a minute, let me get this straight. Twice came in and shot the tel­ler and Jim Fell.%%% __Sally__: No he only shot the tel­ler, Jim John­son. Fell is ill.%%% __Frank__: Okay, then after he shot the tel­ler you shot Twice.%%% __Sally__: No, I only shot once.%%% __Ed__: Twice is the hold-up man.%%% __Sally__: Then I guess I did shoot Twice.%%% __Frank__: Well, so now you are chan­ging your story.%%% __Sally__: No I shot Twice after Jim fell.%%% __Frank__: You shot Twice and Jim Fell.%%% __Sally__: No, Jim fell first and then I shot Twice once.%%% __Frank__: Who fired twice?%%% __Sally__: Once!%%% __Ed__: He is the owner of the tire com­pany, Frank.%%% __Frank__: Okay, now, Once is the owner of the tire com­pany and he fired twice. Then Twice shot the tel­ler once.%%% __Sally__: Twice.%%% __Frank__: And Jim Fell and then you fired Twice.%%% __Sally__: Once.%%% __Frank__: Okay, all right, that will be all for now, Ms Decker.%%% __Ed__: We will need you to make a for­mal sta­te­ment down at the sta­tion.%%% __Sally__: Oh, of course.%%% __Frank__: You have been very help­ful. We think we know how he did it.%%% __Sally__: Oh, Howie couldn’t have done it, he hasn’t been in for weeks.%%% __Frank__: Well. Thank you again, Ms Decker.%%% __Frank__: Weeks?%%% __Ed__: Saul Weeks. He is the control­ler, Frank.%%%

Citations — Pierre Dac

  • L’homme a son ave­nir devant lui, mais il l’aura dans le dos chaque fois qu’il fera demi tour
  • En gram­maire, Abé­lard est un très bon exemple du «a» privatif.
  • Ce n’est pas parce qu’en hiver on dit «Fer­mez la porte, il fait froid dehors», qu’il fait moins froid dehors quand la porte est fermée.
  • Celui qui, dans la vie, est parti de zéro pour n’arriver à rien, n’a de merci à dire à personne.
  • Né à Delhi, de petite taille et d’un carac­tère pai­sible, c’était un nain doux.
  • Ô lac! Sus­pends ton vol et me donne un bai­ser. (Lamar­tine cité de mémoire )
  • Celui que la fumée n’empêche pas de tous­ser et que la toux n’empêche pas de fumer a droit à la gra­ti­tude de la Régie fran­çaise des Tabacs.
  • Le tabac aug­mente, fumez du saumon!
  • Tout est dans tout et réciproquement
  • Le Schmil­blick ne sert à rien et peut donc ser­vir à tout car il est rigou­reu­se­ment intégral
  • Il est démo­cra­ti­que­ment impen­sable qu’en répu­blique il y ait encore trop de gens qui se foutent roya­le­ment de tout.
  • Si la for­tune vient en dor­mant, ça n’empêche pas les emmer­de­ments de venir au réveil.
  • La consti­pa­tion, c’est quand la matière fait cale.
  • Ceux qui pensent à tout n’oublient rien et ceux qui ne pensent à rien font de même puisque ne pen­sant à rien ils n’ont rien à oublier.
  • Le sar­cas­tique et pro­phé­tique pro­verbe qui dit : « Rira bien qui rira le der­nier » gagne­rait à être ainsi modi­fié : « Quand celui qui rit le der­nier a bien fini de rire, per­sonne ne rigole plus ».
  • Quand on ne tra­vaillera plus les len­de­mains de jours de repos, la fatigue sera enfin vaincue.
  • Ceux qui ne savent rien en savent tou­jours autant que ceux qui n’en savent pas plus qu’eux.
  • Psy­cha­na­lyse : Il faut tuer le père, mais on ne doit pas pié­ti­ner le cadavre.
  • Par­ler pour ne rien dire et ne rien dire pour par­ler sont les deux prin­cipes majeurs de ceux qui feraient mieux de la fer­mer avant de l’ouvrir.
  • Entre une semelle de crêpe et un double-crème il n’y a que la dif­fé­rence qui existe entre les choses qui n’ont aucun rap­port entre elles.
  • L’orgue de Bar­ba­rie est à la figue du même nom ce que la trom­pette bou­chée est au cidre.
  • Rien de ce qui est fini n’est jamais com­plè­te­ment achevé tant que tout ce qui est com­mencé n’est pas tota­le­ment terminé.
  • Tran­quille­ment sus­pendu la tête en bas au fond de la grotte, un chauve sou­rit. (note manus­crite non utilisée)
  • Ce n’est pas parce que l’on n’a rien à dire qu’il faut fer­mer sa gueule.
  • La meilleure preuve qu’il existe une forme d’intelligence extra­ter­restre est qu’elle n’a pas essayé de nous contacter.
  • De la pomme au rec­tum, un seul savon, CADUM. (Pro­po­si­tion de publi­cité non retenue !)
  • Le plus grand nain de France mesure 1 mètre 63 , taille très excep­tion­nelle pour un nain.
  • Les bons crus font les bonnes cuites.
  • Etre dur de la feuille n’empêche pas pour autant d’être mou de la branche et réciproquement.
  • Rien n’est plus sem­blable à l’identique que ce qui est pareil à la même chose.

Ma p’tite Mimi

À la guerre
On n’peut guère
Trou­ver où pla­cer son cœur
Et j’avais du vague à l’âme
De vivre ainsi sans p’tit” femme
Quand l’aut” semaine
J’eus la veine
D’être nommé mitrailleur
Ma mitrailleuse, ô bon­heur
Devint pour moi , l’âme soeur…»

Refrain

Quand ell” chante à sa manière
Tara­tata, tara­tata, tara­ta­tère
Ah que son refrain m’enchante
C’est comme un z-oiseau qui chante
Je l’appell” la Glo­rieuse
Ma p’tit” Mimi, ma p’tit” Mimi, ma mitrailleuse
Rosa­lie me fait les doux yeux
Mais c’est ell” que j’aim” le mieux.

Plein d’adresse
Je la graisse
Je l’astique et la polis
De sa culasse jolie
À sa p’tit” gueu-gueul” ché­rie
Puis habile
J’la défile
Et ten­dre­ment je luis dis
Jusqu’au bout, res­tons unis
Pour le salut du pays.

au Refrain

Quand les Boches
Nous approchent
Nous com­men­çons le concert
Après un bon démar­rage
Nous pré­ci­pi­tons le fau­chage
Comm” des mouches
Je vous couche
Tous les sol­dats du kai­ser
Le nez dans nos fils de fer
Ou les quatre fers en l’air.

au Refrain

Mais tout passe
Et tout lasse
Mêm” la guerre et l’un d’ces jours
Ou bien l’un” de ces années
Elle sera ter­mi­née
Alors vite l’on se quitte
Glo­rieuse ô mes amours
Nous devrons à notre tour
Nous sépa­rer pour toujours.

Refrain final

Après un” salve der­nière
Tara­tata, tara­tata, tara­ta­tère
En te voyant ren­dor­mie
Je te dirai : Chère amie
Fais dodo ma Glo­rieuse
Ma p’tit” Mimi, ma p’tit” Mimi, ma mitrailleuse
Et tes pleurs mouille­ront mes yeux
En te fai­sant mes adieux.

Paroles : Théo­dore Botrel
Musique : Vicent Scotto

Estelle

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/// Si vous voyez Estelle dites-lui mes amis%%% Com­bien je suis fou d’elle com­ment je suis puni%%% Que ça n’a rien de drôle de se la mettre sous le bras%%% En cher­chant du pétrole dans le Gua­te­mala Si vous voyez Estelle dites-lui mes amis%%% Que je bande pour elle, que j’en perds l’appétit%%% Qu’on se remet­tra ensemble que je m’avoue vaincu%%% Et que j’ai les mains qui tremblent quand j’évoque son cul Dites-lui que je suis lucide depuis que je l’ai quit­tée%%% Que j’étais bien trop can­dide que j’aurais dû l’écouter%%% Et que cette fille superbe qui m’emmena en bateau%%% Je l’ai su qu’à l’île d’Elbe que c’était un tra­velo Ça les a bien fait rire ces salauds m’ont gardé%%% Sur ce bon vieux navire bourré de vieux pédés%%% Et que jusqu’en sep­tembre sur ce mau­dit rafiot%%% J’étais la femme de chambre du lieu­te­nant de vais­seau Si vous voyez Estelle dites-lui que je me suis trompé%%% Que je ferai tout pour elle tou­jours le dos courbé%%% Rien qui ne lui déplaise et que le dimanche matin%%% Si c’est debout qu’on baise je pren­drai les patins Dites aussi à Estelle que ma viri­lité%%% Est bien rede­ve­nue telle qu’avant de la quit­ter%%% Bien que cette fou­tue dan­seuse des bal­lets de Hong Kong%%% M’ait laissé les val­seuses comme des balles de ping pong Si vous voyez Estelle dites-lui bien sur­tout%%% Que j’aimerai sa cui­sine que je serai plus jaloux%%% Et que si encore elle m’aime que j’en serai si content%%% Que j’oublierai le nom de bap­tême de son putain d’amant Qu’elle aura toute ma paie pour sor­tir quand elle veut%%% Que c’est fini la bou­teille que je ne triche plus au jeu%%% Que ma vie est amère qu’il faut que l’on renoue%%% Dites-lui même que sa mère peut habi­ter chez nous Si vous voyez Estelle dites-lui mes amis%%% Com­bien je suis fou d’elle com­ment je suis puni%%% Que ça n’a rien de drôle de se la mettre sous le bras%%% En cher­chant du pétrole dans le Gua­te­mala »Pierre Perret»

Dominique

Domi­nique

(Refrain)

Domi­nique, nique, nique
S’en allait tout sim­ple­ment,
Rou­tier pauvre et chan­tant
En tous che­mins, en tous lieux
Il ne parle que du bon Dieu.

A l’époque où Jean Sans Terre
D’Angleterre était roi,
Domi­nique, notre Père,
Com­bat­tit les Albigeois.

(Au Refrain)

Cer­tain jour un héré­tique
Par des ronces le conduit,
Mais notre Père Domi­nique
Par sa joie le convertit.

(Au Refrain)

Ni cha­meau, ni dili­gence,
Il par­court l’Europe à pied.
Scan­di­na­vie ou Pro­vence
Dans la sainte pauvreté.

(Au Refrain)

Enflamma de toute écoles
Filles et gar­çons pleins d’ardeur,
Et pour semer la Parole
Inventa les Frères Prêcheurs.

(Au Refrain)

Chez Domi­nique et Ses Frères
Le pain s’en vint à man­quer
Et deux anges se pré­sen­tèrent,
Por­tant deux grands pains dorés.

(Au Refrain)

Domi­nique vit en rêve
Les prê­cheurs du monde entier,
Sous le man­teau de la Vierge
En grand nombre rassemblés.

(Au Refrain)

Domi­nique, mon bon Père,
Garde-nous simples et gais
Pour annon­cer à nos frères
La Vie et La Vérité.

Soeur Sou­rire

Maintenant Je Sais

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Quand j’étais gosse, haut comme trois pommes,
J’parlais bien fort pour être un homme
J’disais, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS

C’était l’début, c’était l’printemps
Mais quand j’ai eu mes 18 ans
J’ai dit, JE SAIS, ça y est, cette fois JE SAIS

Et aujourd’hui, les jours où je m’retourne
J’regarde la terre où j’ai quand même fait les 100 pas
Et je n’sais tou­jours pas com­ment elle tourne !

Vers 25 ans, j’savais tout : l’amour, les roses, la vie, les sous
Tiens oui l’amour ! J’en avais fait tout le tour !

Et heu­reu­se­ment, comme les copains, j’avais pas mangé tout mon pain :
Au milieu de ma vie, j’ai encore appris.
C’que j’ai appris, ça tient en trois, quatre mots :

«Le jour où quelqu’un vous aime, il fait très beau,
j’peux pas mieux dire, il fait très beau !

C’est encore ce qui m’étonne dans la vie,
Moi qui suis à l’automne de ma vie
On oublie tant de soirs de tris­tesse
Mais jamais un matin de tendresse !

Toute ma jeu­nesse, j’ai voulu dire JE SAIS
Seule­ment, plus je cher­chais, et puis moins j” savais

Il y a 60 coups qui ont sonné à l’horloge
Je suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j’m’interroge ?

Main­te­nant JE SAIS, JE SAIS QUON NE SAIT JAMAIS !

La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la cou­leur des choses
C’est tout c’que j’sais ! Mais ça, j’le SAIS… !

Jean Gabin

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Les livres de fesses


La la la li…
Apres huit tours de quar­tier
J’me suis décidé a entrer
Un p’tit sou­rire au cais­sier
Vu qu’j’suis pas un habi­tué
Un habi-tu-tu
Un habi-ué-ué
Un habi­tué
Je feuillette l’Auto-journal
Mais c’est pas ca qui m’intéresse
Moi c’qui m’met vrai­ment l’moral
Ben c’est plu­tôt les livres de fesses
Les livres de de
Les livres fe-fesses
Ah les livres de fesses
Insen­si­ble­ment j’m’éloigne
Vers des lec­tures un peu moins sages
Il va m’falloir une bonne poigne
Pour pas faire trem­bler l’rayonnage
Trem­bler l’ray-ray
Le ra ah ah
Ah le rayon­nage
Le cais­sier:
Un bref coup d’oeil cir­cu­laire
Va lui per­mettre de choi­sir
Le spé­cial Gros seins d’enfer
Avec lequel il va s’enfuir
Il va s’en s’en
Il va fuir fuir
Ah il va s’enfuir
Enfin j’arrive a la caisse
Et j’achète le Télé 7 jours
Passqu’avec les livres de fesses
Ben il faut quequ’chose pour mettre autour
Pour mettre aut aut
Pour mettre tour tour
Ah pour mettre autour
Le cais­sier:
Alors Télé 7 jours 25 cen­times
Pen­thouse 7,50
Prend moi salope
heu c’est com­bien Solange Prend moi salope?
15,20!
Lui:
Vous avez une poche plas­tique
Le cais­sier:
Ah non!
Puis j’prend l’transport en com­mun
Mais en m’agrippant a la barre
Les revues me glissent des mains
Au moment ou l’train démarre
Le train de de
Le train ma marre
Ah le train démarre

Les V.R.P.

L’orage

Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps,
Le beau temps me dégoûte et me fait grin­cer les dents,
Le bel azur me met en rage,
Car le plus grand amour qui me fut donné sur terre
Je le dois au mau­vais temps, je le dois à Jupi­ter,
Il me tomba d’un ciel d’orage.

Par un soir de novembre, à che­val sur les toits,
Un vrai ton­nerre de Brest, avec des cris de putois,
Allu­mait ses feux d’artifice.
Bon­dis­sant de sa couche en cos­tume de nuit,
Ma voi­sine affo­lée vint cogner à mon huis
En récla­mant mes bons offices.

«Je suis seule et j’ai peur, ouvrez-moi, par pitié,
Mon époux vient de par­tir faire son dur métier,
Pauvre mal­heu­reux mer­ce­naire,
Contraint de cou­cher dehors quand il fait mau­vais temps,
Pour la bonne rai­son qu’il est repré­sen­tant
D’une mai­son de paratonnerre.»

En bénis­sant le nom de Ben­ja­min Frank­lin,
Je l’ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins,
Et puis l’amour a fait le reste!
Toi qui sèmes des para­ton­nerres à foi­son,
Que n’en as-tu planté sur ta propre mai­son?
Erreur on ne peut plus funeste.

Quand Jupi­ter alla se faire entendre ailleurs,
La belle, ayant enfin conjuré sa frayeur
Et recou­vré tout son cou­rage,
Ren­tra dans ses foyers faire sécher son mari
En me don­nant rendez-vous les jours d’intempérie,
Rendez-vous au pro­chain orage.

A par­tir de ce jour je n’ai plus baissé les yeux,
J’ai consa­cré mon temps à contem­pler les cieux,
A regar­der pas­ser les nues,
A guet­ter les stra­tus, à lor­gner les nim­bus,
A faire les yeux doux aux moindres cumu­lus,
Mais elle n’est pas revenue.

Son bon­homme de mari avait tant fait d’affaires,
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer,
Qu’il était devenu mil­lion­naire
Et l’avait emme­née vers des cieux tou­jours bleus,
Des pays imbé­ciles où jamais il ne pleut,
Où l’on ne sait rien du tonnerre.

Dieu fasse que ma com­plainte aille, tam­bour bat­tant,
Lui par­ler de la pluie, lui par­ler du gros temps
Aux­quels on a tenu tête ensemble,
Lui conter qu’un cer­tain coup de foudre assas­sin
Dans le mille de mon coeur a laissé le des­sin
D’une petite fleur qui lui ressemble.

Georges Bras­sens